dimanche 18 octobre 2009

Ce matin de Juillet

J'essaie d'exister mais je n'y parviens plus.
J'ai tenté de corrompre l'inexorable, de conjurer l' inéluctable. Pour sauver les liens.


Pendant que le temps, assassin des douleurs et désarmant les détresses puisait dans les mots de la mort en exposant sa souveraineté du pouvoir de guérisseur, sa face cachée rongeait la chair nouée des liens. Un travail que je découvris à mon désespoir qu'il était autonome et intouchable. Je n'ai pû mais m'acharne encore à certains virages de mes pensées à trouver le plus infime espoir de rebondissement à ce film asphyxiant. Le temps est, hélas, arrivé à l'ultime des liens ; le mystérieux et surtout le plus unique. Celui qui retient tout et qui révèle qu'il ne peut rien expliquer de ce qu'il définit, sans précédent dans le passé. Notre passé. Ou plutôt celui de Imgene, et le mien, distincts. Lui et moi désormais excommuniés par, et de, la conjugaison à la première personne du pluriel.
Nous, une entité personnelle créée en première place des pluriels, fait de deux singuliers.

Je suis seul face à cette artère vitale de mon histoire avec Imgene, et je réalise que je fais face à l'histoire unique qui ne créera aucun précédent dans ma vie, ne se couchera pas sous des futures comparaisons, ou ne s'affadira pas à côté d'une nouvelle exception amoureuse.
C'est l'histoire qui ne doit pas s'arrêter, parce-que quelquechose de nous-même n'y survit jamais.


Aujourd'hui je tremble d'être allé là où la création n'a pas de passé, où ce qui surgit se reconnaît du passé immémorial des légendes et divinement n'en porte ni stigmate ni trace. Une passion qui ne s'est détruite que parce-que la vie se dépassionne pour elle-même.
Imgene restera unique, je ne me laisserai pas en faire un précédent.
Ce dernier lien que je sais voué à disparaître quand le temps le choisira - ce temps oublieux de partager certains de ses mécanismes d'agenda - est une terminaison des plus nerveuses terrifiée de se découvrir. Car sans en arriver là comment aurais-je découvert que le départ d'Imgene me ferait tourner sans répit autour d'une même pensée: ce ne peut pas être réel, cela n'est pas?
Je vois se terminer l'obsession douloureuse et commencer l'autre vertige du chagrin : l'immobilité pensive dans le néant de l'autre.
Tout ici n'est question que de contre-volonté. Imgene m'a quitté. Je n'ai rien décidé, ni même accordé. Rien ne provient de mon désir. Il me faut donc tout voir se défaire en spectateur amer et seul, surpris dans l'arène des drames communs.


Ce matin sont arrivés les instants. Ceux que je redoutais.
Ceux où l'on cesse de se débattre et où l'on se voit partir à notre tour. Ces instants comme des fractures dans la volonté encore battant la mesure pour continuer. Je sens que je suis maintenant incapable de faire rejouer en moi les vibrations extraordinaires que l'on avait quand l'autre... avec l'autre... le goût de cette vie inégalée. Et je sais bien le caractère définitif de cette sensation.
Le temps à venir et l'espace n'existent plus parce-qu'ils sont déjà derrière soi et qu'il y a dans cela beaucoup de nous-même. Nous sommes à l'arrière de nous-mêmes, contemplant sans morgue ni vie notre dos.
L'amour et l'union ne supportent pas de perdre sa pile, ou la face. Transformés en souvenir, en ombre vague de leur gloire, ils s'amoindrissent et se tordent jusqu'à ce que n'en sortent que des anecdotes factuelles - poison de nostalgie -, des récits, des souvenirs épars. Piètre fin qui remet en cause l'excellence ou son ombre de doute.

On ne trouvera des liens et de l'amour que des images dispersées. Des images auxquelles il faudra sans cesse redonner un sens et un foyer. Des faits orphelins de l'histoire sans continuité entre eux, perdant leur cohérence d'action et leur suite logique. Voilà ce qui errera à jamais sur la place du pluriel singulier où l'on se tenait unis...
Quel féroce constat, triste et effroyable. On finit toujours pas partir, même si l'on était celui qui reste. Celui qui reste, d'abord réellement puis en apparence, vient aussi à quitter l'histoire et les liens, le sentiment et la reconnaissance.

A chaque lien qui se décroche la violence efface derrière moi sa trace, et aimante mes pas de plus en plus loin dans la dissolution de ce qui était. Ici pas de mur du son tonnant ni de bang supersonique. C'est le monde de l'abdiquation, de la modification de l'existence en disparition, qui claque parce-que voilà, on y est entré. Ces liens éructent dans le vide laissé par ce passage à l'acte là. Le plus insupportable à vivre et à franchir : la transformation du vivant, du continuel, en souvenir. Cet en-cours que nous ne voulons lâcher...




J'étais dans ce brasier sans fin qui consumait mes jours et mes nuits, assujetissait ma pensée et tordait la volonté de me relever quand je me vis voguer impuissant et atrocement calme vers le moindre et l'abandon des liens. Je préférais les brûlures et les engelures que provoquait la pensée de l'absence irréversible d'Imgene, l'écartèlement de ma raison et de mon existence sentenciés par le manque. Je préférais la torture de son départ, et ma lutte désaxée pour ne rien abandonner, à ce qui m'attendait ce matin.
Ce temps où l'on ne sent plus vraiment comment était cette douleur qui vous tient des heures au réveil plié dans un lit que vous souhaiteriez barque exilée à la dérive loin de la réalité. Ces funérailles auxquelles chaque réveil vous ramène en vous broyant le souffle pour vous empêcher de sortir. Mais des funérailles où vous êtes le seul à entendre le défunt se débattre dans son cercueil en vous suppliant de croire qu'il est bien vivant.
Aujourd'hui les mains toujours liées par l'impossibilité de réaliser que je serai, en surface comme en profondeur, sans Imgene m' immobilisent sans heurt ni va-et-vient sournois. Et rien en moi ne bouge pour un sauvetage. C'est un fracas, un cataclysme dans l'esprit et le corps qui ne gardent que le phénomène de l'écho comme évènement.
Je suis témoin et acteur de cette douleur et pourtant aujourd'hui je n'en reçois qu'un écho.
Et c'est bien cela le pire.
Quand la douleur et son hurlement vous détache à ce point du champs de votre propre bataille...

dimanche 9 août 2009

Avant

Il fallait défricher nos ténèbres et nos visages, avancer dans la forêt aux parfums vénéneux, branches écorchantes de notre solitude. Il faut se supporter indéfiniment. Sans acte et évènement nous ne sommes plus. Etres inagissants. Mais à l'abri de rien, et surtout pas de l'horrible question. Quel était mon choix? Quel était l'évènement? Elle était tombée dans l'abstrait des incertitudes concernant ma relation avec I, en prenant soin de ne faire rebondire aucune volonté de concrétiser des synthèses ou conclusions. J'en avais fait mon grand échec. Mais j'allais d'échec en échec. Plus grands ils étaient, plus ils étaient mes annulations de vivre. Mes vie-nulle. J'étais alors dans l'impossibilité réconfortante, impossibilité totale et sans retour, d'être quelquechose, d'être en-vie. Ennui de vivre, fuyant les contingences aussi bien de l'existence que de la rencontre avec les autres. Une exilée de l'histoire, de toutes les autres. Tout basculait.
Il l'avait dispensée de vivre. Il me fallait maintenant m'élever de la fosse à cadavres de mes vies. Retrouver le goût du concret, et comprendre ma condition. Réduite, à ce point de départ, à la catégorie des hors-cadre, en-plus, vissée à l'anéantissement.
Tout se passa au mileu des portes disparues et des voies imprévues.

We had to clear our Darkness and our faces, muscle forward into the poisonly perfumed forest, grazing branches of our solitude. We have to stand ourselves indefinitely. Without act and event we are no longer. Un-acting beings. But sheltered from nothing, and above all not from the terrible question. What was my choice? What was the event? She was fallen into the abstract of the uncertainties regarding my relationships with I, taking care to not to make rebounce any will to materialize some synthesis or conclusions. I had made of that my big failure. But I went from failure to failure. The greatest they were the most they were my cancellations to live. My life-nil. So, I was in the soothing impossibility - totale impossibilty and without comeback, to be something, to be in-life. Boredom to live, running away the contengencies of exitence and of the meeting with the others as well. I was an exile of the Story, of the other ones. Everything was stagerring.
He had exempted her from living. I needed now to rise from the corpse pit of my past lives. To find back the taste for the Concrete, and understand my condition. Reduced, at this jump-start, to the out frame grade, in-plus, glued to destruction.
Everything happened in the middle of disppeared doors, and unpredicted ways.

Douceur cruelle

C'est un peu comme la mélancolie attentionnée d'une rêverie en mouvement. Tout ce que je suis, et non pas qui, n'est pas plus qu'une voix douce. La réflexion est partie s'étendre, yeux clos mais toujours lévés, même quand ils ne peuvent plus voir. Je ne me sens plus appartenir à quoique ce soit, et plus rien ne m'appartient. Quelques notes très distantes et éthérées. Elles sont détachées et claires, non solennelles. D'anciennes cordes enlacées à de diplomates tintements.Un mouvement apparaît.
Tu n'as pas les compétences pour le différencier des battements du coeur qui pleurent. Tout ce que tu avais était des intuitions. Certaines douceurs se meuvent, émeuvent. Elles enseignent le sens de l'insondable. Plus profond encore. Une chute abyssale dans des bras que nous ne reconnaissons pas. Personne ne flotte. Ce n'est pas la matière en question. Ces douceurs sont des après-coups. L'acceptation de la naissance des souvenirs. Ils scellent un temps terminé. Et ils jouent des notes tendres. Pleurer ou pas, rien n'est requis maintenant. Et si nous flottons c'est plutôt un vol parmi tous les moments qui, désormais, seront des souvenirs clos dans une histoire. D'une histoire.

samedi 8 août 2009

Eve

Siloë,
I blame you not to surpass yourself.

The seconds see the Newness in.

Apokalipto

L'arrachement insoutenable revenait presque toutes les nuits. Quatre heures du matin, le regard effaré de voir la vivacité des douleurs somnambules. Quelquechose s'amusait à égorger l'oubli, et à le dénerver à vif. Tout s'inverse et se désorganise sous la douleur. La peine m'anéantit, et me laisse là, humiliée par l'absence. La nuit n'était plus, ni son exécution. Et la chambre me rendait mon sommeil. La lâcheté transforme souvent ce qu'on te propose en présent que tu t'obliges d'accepter. Un chien n'a pas le sens du sacrifice. Ils ne sont pas encore à réinitialiser les hommes.Il me fallait maintenant une force plus puissante pour me lever. De la force comme levier de courage dont j'avais besoin. Tu ne t'arraches pas comme ça d'une stupeur découragée quand elle se lie à l'éclatant retour du sommeil sur insomnie. Mes contemplations déshabillées devenaient les chemins d'un labyrinthe de plus en plus opaques et collants, l'envie de dormir me guidait puis soufflait sa torche. J'étais trop loin des bords, piège parfait. Du sur-mesure.Je devais prendre le train. Il fallait que je parte. Je sais qu'il y aura là-bas les maisons qui revivent. En figure de début, en anecdote de parcours. Ces maisons qui offrent une image isolée qu'il faut prendre soin de recoudre dans le courant des choses. Il me faut retrouver l'histoire. La lumière du jour était là. Il était encore très tôt dans la matinée mais il aurait pû tout aussi bien être midi. Des couches de nuages épais sales prenaient toute la place du regard. Pas de clarté, pas de respiration. A travers la fenêtre de la chambre, je ne voyais qu'un immense blanc d'oeil de malade en défaillance hépatique, et posés sous cette cloche vitreuse la campagne à traverser comme une simple feuille de papier. Plat, extra-plat. Ca ne prenait aucune place, et ne s'mposait pas. Depuis quand cela avait-il commencé. Qu'est-ce qui meurt toujours en premier pour se retrouver à être le dernier à ne pouvoir mourir. On y aurait pas survécu. On n'y survivra pas, justement parce-qu'on le peut.

The nerve-racking wrenching came back almost every night. Four o'clock in the morning, eyes aghast to see the vivacity of the sleepwalking pains. These are pains that don't sleep while you sleep. They wander and dig a story, yours in the fall, all around you. Something enjoyed to cut the forgetting's throat, and to enervate it bared. Everything becomes disorganized and reverses into the pain. The desolation shatters me, and lets me here, humiliated by the absence.Night was not any more, nor its premeditated killing. And the bedroom gave me back my sleep. The cowardice often turns what is proposed into a present that you force yourself to accept. A dog has not the renouncing interest. They are not yet to reboot the Men without the sense of sacrifice.I needed now a more powerful strenght to get up. A force like a pluck lever I needed. You don't pull yourself out from a daunted stupor when it unites with the brilliant sleep's comeback after an insomnia. My undressed contemplations became some tracks of a maze more an more sticky and opaque, the urge to sleep led me then blew its torch. I was too far away from the banks, perfect trap. Custom-built.I had to take my train. I had to leave. I know that there will be there the houses that live again. In figure of start, in anecdotes of run. These houses giving an isolated image that you must mind to sew up in the course of things. Houses habiting the time, and soothing the one that you don't bear any more. I need to find the story again. The daylight was there now. It was still very early in the morning but it could have been noon as well. Layers of clouds, thick dirty, yellow as the fingers of a smoker, took all the place in the sight. No clarity, no breathing. Through the bedroom's window, I only saw a huge white of eye of a patient in kidney failure, and put under this dingy dome the countryside to cross like a simple sheet of paper. Flat, extra-flat. It did not take any place, did not make its presence felt.Since when it had started. What does die always in first to be finally the last one to not to be able to die.We would not have lived through it. We will not live through it, because we can.

jeudi 30 juillet 2009

samedi 25 juillet 2009

Berlin

Dehors crachent les sémaphores.
J'aimerais te mêler à l'aube infini
Mes nuits sous serre me blessent
Tu prends les airs du silence
Mais dehors,
Donne moi si tel est le prix.

jeudi 23 juillet 2009

She is drinking. And she's sad. Strikes of incendiary water beat her face. Time of his hand on her velvet skin comes back as a nausea on her painful heart. His eyes wanting the heat of the shelter of her flesh. She's drinking, and she is sad. A song drowns itself.
Elle boit. Et elle est triste. Des coups d'eau incendiaire lui frappent le visage. Le temps de sa main sur le drapé de sa peau lui revienne en nausée sur son coeur douloureux. Ses yeux réclamant la chaleur du refuge de sa chair. Elle boit, et elle est triste. Une chanson se noie.

mardi 21 juillet 2009


The space where I live is nor death or life.

All reality is separation.

Unity and forgetting.

Love and price.

First were only giving up and renunciation.

Frontiers between oneself and the world get vague.

The soil is sowed with air's calls.

Who

Always questionning, always chasing away. Hounding memories and truths like a stalked animal stalking its own shadow in its desesperate escape.
The exaltation is starry crazed, the effort passionate. She has insisted until the grand fire. The sensations now are irritated, inflamed red blotches appear on her dreams.
She had touched, and the elevation was the fair award of this merciless questionning.

Siloë came undone endlessly of herself only for this second of eternity where she was new and transformed.
In the bottom of soul and heart live the majestic flexibilities of existence. Behind this stake we get more shrewdness. But just for a time, as we must leave soon.
More higher you will have to search, more deeper into yourself you'll have to dig. And shatter yourself, turn your own skin - tanned by the sand of the original ocean - and remove everything. The pain is unbearable, but always behind a strenght more vivid and smoothed.

But momentum, at neck.

To keep on going by night. No break no stop look down everything gets blurred hazy the apnoea eats away stay like this a long time all the time gain ground over the air pattering sparkles the action is catching fire throw your ideas up... the fracture.
Rejection. The experience is in piece. Who does abandon... until not to be able to return... The big glass plaque has raised. You can see everything that could be but the glass is unbreakable. It does not matter, the vertical height has dropped you. Something until everything, is breaking. Who goes after life on a kite in my bed... I no longer see. What, I am.
A fire of rain allows the access to blind alleys, the minutes which have no longer days have an aggravating lenght. I am in a draw brought to life by a big bang. The mechanical logic. Curves of a caress over a past which has never been mine. Ex-terrestrial signals bring the disquieting colours into general use. The exil re-forms, some shadows start an orgy with the instinct for survival.

There are lifefalls that roil us. Refrains that murder.

Make only light my faux pas' shimmers. It's odd a rain under a blue sky. Morning wind blows the small boats, I sail away in this distant sky. My epicentre moves constantly, shunning the crows. But we cannot come undone without dismantling ourselves.
I burst without will the plastic signs, life belts. A laid aside, raison d'être contemplates. We are bordering on the fulfilment of the mellifluous incompletion.

Clear chagrins. I curl up, dark noises mat with me and merge with the chair of my vows. The fear to disappear feeds all the others we are.
The smoke of circumstances gets wet with my arms. And it makes reappear the condensing of life of the others. The square of landmarks thinks it is a boomerang fallen in high branches of a tree, too high. There are climbs that destroy the load-bearing walls.

We fell asleep. It was a method.

No longer high or down, now unity. But mind cannot live without trees.
Are you talking to me, unreal so much lost. Melancolie. It becomes a part of ourselves, stray and out-dated well before to be born. What have you lost.
Luminous lands of solitude, priceless lucidity, incomparable perceptiveness. You like it this clear-sightedness heavy to carry, this forced retreat. You mix the farewell hills with the initial kiss.
An organic protection comes from the cradle of petrifaction. Cradle-shroud. Forced opposites, counteracted mirror energies. Our provocation for stationary unbalance.
Monochrom visions are the origins of the system, the protection one. Irony and logic. Would you be bitter. Yes, I've tasted the bitterness of your dark blood. Rejected world, it will seem to reject us too from its process.

The music dies too. Who does write only the rest. We still can go by the inner side, the passion remains. Then the wall trains you and as nothing is lived and created from the outside, you stop. I am your parallel alternative life. The part of the other whole.
To find the crib for the test, which disturbs at last the laments...

I wake up bitten by the impure side of the unsung thuths...

I want, you can.

So the petulant shore is yawning, it is pale. It is the entrance into the aera of impossible. The loneliness of you was alien and impossible. A strike of open scissors into. Everything was, not enough. Accept is a nonsense, exit of the word.
Kingdom of fixed time, where time has only a face of a whimsical child who refuses to move forward when we would like so much that he goes quickly.
The insurmontable idea. Obscur dazzlers in front of your eyes... dangerous and useless butterflies of the loaded memory. Trigger intrigued with torment.
The places was yours, my gestures. Everything betrays an absence, the past presence. Sidelong devil of oblivion.

Where you are no longer, you were. There.

mercredi 15 juillet 2009

.

Forces contraires, énergies ennemies, provoquant le déséquilibre stationnaire.

20 août 2007 - 15 mars 2009 / Siloë et Imgene

16h00.
Je quitte le canapé d'angle marocain du salon pour aller fumer une cigarette sur la grande terrasse de la maison. Le soleil est trop chaud, trop ensoleillé, je rentre. C'est déjà agir que de marcher d'un salon à une terrasse, tirer une chaise pour s'asseoir, allonger ses jambes sur une autre chaise qui aveugle par sa couleur maladroite. Odila a une table de jardin blanche dans un pays frictionné par le soleil...
Il n'est n'est pas 16h00. Mais seulement deux heures après le zénith. Ma montre est restée à l'heure de la France. Je me suis parfaitement habituée à retirer neuf pour avoir l'heure californienne, et y vivre un peu avec lui. J'ai banni le calcul de ma vie réelle et fictive depuis tellement longtemps que je ne sais plus si j'ai jamais eu à le bannir. Le caddie des prédispositions ne se serait jamais arrêté devant ce rayon là pour moi.
Je n'ai aucune envie d'apprendre à retirer sept. Je calcule par neuf... Et je ne brasse que ce passé.
C'est d'un équilibre morbide dont j'ai besoin pour avancer. Je souhaite presque n'avoir aucune nouvelle de lui pendant ces trois heures. Je sens un soulagement parce-qu'il semble revenir vers moi, ou tout du moins m'offrir un contact privilégié qui m'empêche de vivre pour moi. Je recommence à ressasser tout ce que j'aimerais lui écrire, tout ce que je devrais faire de ma vie pour lui plaire, tout ce que je vis pour lui. Je le mets en scène dans ma tête comme un personnage que mon esprit aurait créé...
L'obsession est mon manège masturbatoire. Et les heures passent. Les jours passent. Ma vie n'est que penser à lui. Je lui dresse une jolie et irresistible image vivante de mon existente morte à sa rencontre.
Il a rompu au téléphone.
Nous nous sommes retrouvés en Angleterre, dans sa ville natale qui lui inspire de la colère. Parce-qu'elle continue de vivre même sans lui, lui qui continue de l'aimer à 5000 kilomètres d'elle depuis dix sept ans.
Après un mois et demi passé, chacun sur notre continent et son incompréhensible réticence à nous voir vivre ensemble à San Francisco, nous sommes restés trois semaines là-bas. Semaines difficiles engluées dans l'appréhension de voir venir l'inexorable fin.
La dépression l'avait déjà bien défiguré. Toutes forces arrachées, sauf celles tournant le dos à la vie, intrinsèques à cette maladie : andandonner, se cacher, renoncer.
C'est en montrant à Odila des photos d'Imgene que je m'aperçus de la terrible transformation de son visage. Ses traits effondrés. Des yeux suppliant du secours, peut-être. De la vie, sûrement. De fuir ce fut certain, trois semaines plus tard.
Nous avions vécu nos premiers moments à l'orée de notre alchimie. Nous étions hors osmose ou bien pire, en bordure. De mon côté une angoisse surpuissante qu'il laisse la dépression nous détruire en lui-même me rendait exigeante. Trop 'exacte' m'avait il dit un soir. Je voulais tout expliquer, avoir toutes les explications, sur lui, sur ses gestes. En essayant de l'aider à sortir de ses abîmes quotidiennes, ses frustrations mortifères, je ne faisais que le conforter dans l'idée qu'il n'était capable de rien, ni de faire bien ou de se faire comprendre de personne. Lentement et sûrement, je le ramenais sans y prendre garde vers la certitude dont il avait tant voulu sortir avec moi : l'incapacité de tenir une relation. Mais il me demandait alors d'avoir toujours confiance.
Il passa la nuit de son retour à SF dans un demi-silence. Il m'envoya un message disant que son téléphone ne marchait pas, qu'il était bien arrivé et que comme promis il m'appellerait le lendemain de son bureau pour me donner la date possible de mon séjour chez lui. Ca devait être mon tour de faire le voyage... Voyage il y eut, mais pas celui auquel je pensais.

J'ai beaucoup d'idées. Mais pas toujours la force d'écrire. Pas toujours la force de les regarder en face. En fait, de faire face.
J'étais une enfant en avance. En avance sur la vie et les autres. Aujourd'hui je suis à la traîne de tout, principalement de moi-même. Je ne fais ni du sur-place, ni ne stagne. Il faudrait une situation pour cela. Leur vie n'est pas la mienne même si mon âme se courbe d'angoisse de n'en être que là. Où? Je ne sais pas, mais pas là où les autres voudraient que je sois. J'observe de mon lit le monde de mon esprit et les fantasmes que ma vie passée me laisse sans date de péremption, limite de temps, et sans aucune limite possible. C'est là l'infini.
Je monologue. Dramaturge du plus infime mouvement. Actrice en huis-clos. Biographe d'une grande vie menacée de fuite.
Combien de pages ai-je écrites dans ma tête en attendant le sommeil à toute heure de la journée... Combien de début d'histoires et de vérités ai-je parfaitement pensé dans la minute qui précède l'oubli... Je n'ai jamais eu le courage de me relever et d'aller écrire ces idées aveuglantes de précision. Je les ai toutes laissées s'éteindre dans le sommeil, et ne jamais revenir. A chaque instant où mon corps ne veut plus tenir debout ni assis, que mon courage ne tient plus l'éveil, et que je vais contrainte et complice m'allonger pour me débarrasser d'un peu plus de temps de vie en dormant, les phrases arrivent. Elles réclament ce lâcher-prise. Car à ces moments de suberbe fuite je me moque de réfléchir et de retenir. Foutue règle. Je fuis elles arrivent. Je les cherchent elles s'évadent.
Je ne vis qu'à travers des images et malheureusement il n'y a pas d'images pour décrire ma vie. Je devrai donc la décrire. Et pour cela il me faudra dé-écrire ma vie.
Il faut vivre, dit-on, tant qu'on est vivant. Attendre toujours l'après pour vivre est une erreur de jeunesse bien regrettable, dit-on. Mais moi je n'attends rien d'autre pour vivre. Ma vie c'est d'attendre. Mais ni la vie ni la mort. Non, j'attends dans le rien qui semble être celui des autres. Je rêve à ce qui pourrait être, sans vouloir le réaliser ni y accéder. Il semble que j'ai vécu suffisamment avant pour qu'aujourd'hui je puisse tourner en arrière dans des chimères se nourrissant sans cesse de ce passé. Et chaque jour elles me racontent. J'observe de mon lit le monde de mon esprit et les fantasmes que ma vie passée me laisse sans date de péremption, limite de temps, et sans aucune limite possible. C'est là l'infini.
Je monologue. Dramaturge du plus infime mouvement. Actrice en huis-clos. Biographe d'une grande vie menacée de mort née. Répétition douloureuse et léthale. Chaque jour je dégrade un peu plus ce que j'avais pû être et je me délite en fantasmagorie terrestre.
Depuis qu'Imgene a disparu je ne sais plus comment faire pour rejoindre une vie. Je ne retrouve plus l'envie, et je ne la comprends plus, cette envie. Mon existence manque d'adhérence, vivre est un mur et j'en suis le passe-muraille. Faire me fatigue, avoir m'indiffère et être tue ma dernière capacité de retourner agir. Comment concilier être et vivre...
S'il n'y avait que moi, cette manière me conviendrait aujourd'hui très bien. Ce n'est pas de la résignation c'est de la paralysie athlétique. Je règne, admirée même par certains, sur ces Olympes là. Mais il y a l'autre. Les autres. Siloë et Imgene.

J'ai cessé de vivre le jour où j'ai rencontré Imgene. Je ne devais finalement attendre qu'une seule chose et c'était celle là. Le divin prétexte pour cesser d'exister, et me fondre dans tout extérieur à moi. Ce fut une histoire, un amour suprême. J'ai oeuvré patiemment pendant un an, dans une seule pièce comme décor en écrivant des centaines de lettres et de messages comme unique action. Pour le faire venir à moi, l'approcher et me laisser approcher. Puis nous avons rejoins le réél des corps et des lieux de vie pendant un an. Il m'a demandé de venir à lui, a réclamé ma confiance et chéri ardemment mon amour. Je n'existais que pour penser à lui, lui écrire et le rencontrer en divers endroits. Je ne vivais qu'en pensant à lui. J'imprégnais tout ce que je touchais, respirais, goûtais, de sa présence, de sa pensée. Et tout ce que je faisais n'avait comme mobile et moteur que celui de lui faire récit de ma vie. Mes journées se passaient à réfléchir les lettres, lui inventer une vie inexistante mais vive et enivrante à lire, puis à lui écrire. Des heures à tourner dans mon appartment, autour de ma table, à parler à voix haute, avant de coucher en mots celle que je ne vivais pas.
Je me suis offerte une histoire de deux ans que pourtant je n'aurais su imaginer. Ni le sublime incomparé, ni la douleur anéantissant. Chaque sentiment était inconnu d'avant, chaque geste inédit. L'amour fut incroyablement vrai, ce fut comme comme ça, né dans l'acmée déjà.
L'extérieur fut unique. Ce fut un homme, réceptacle de moi-même enfin trouvé.

J'ai commencé à écrire Siloë, puis ai confondu les identités. Virtualité et réalité baillonnant et me laissant admirer l'histoire, allongée sur ma vie arrêtée...



Je m'appelle Siloë. A ce stade là ce n'ai même plus l'ironie du sort. Absolument dans "l'être", intermittente unijambiste dans le "faire", néant dans "l'avoir".
Je n'ai rien. Je n'aime pas ''l'avoir''. Je n'aime pas la voir non plus...

Miclival
















Ce matin de Juillet

J'essaie d'exister mais je n'y parviens plus.
J'ai tenté de corrompre l'inexorable, de conjurer l' inéluctable. Pour sauver les liens.


Pendant que le temps, assassin des douleurs et désarmant les détresses puisait dans les mots de la mort en exposant sa souveraineté du pouvoir de guérisseur, sa face cachée rongeait la chair nouée des liens. Un travail que je découvris à mon désespoir qu'il était autonome et intouchable. Je n'ai pû mais m'acharne encore à certains virages de mes pensées à trouver le plus infime espoir de rebondissement à ce film asphyxiant. Le temps est, hélas, arrivé à l'ultime des liens ; le mystérieux et surtout le plus unique. Celui qui retient tout et qui révèle qu'il ne peut rien expliquer de ce qu'il définit, sans précédent dans le passé. Notre passé. Ou plutôt celui de Imgene, et le mien, distincts. Lui et moi désormais excommuniés par, et de, la conjugaison à la première personne du pluriel.
Nous, une entité personnelle créée en première place des pluriels, fait de deux singuliers.

Je suis seul face à cette artère vitale de mon histoire avec Imgene, et je réalise que je fais face à l'histoire unique qui ne créera aucun précédent dans ma vie, ne se couchera pas sous des futures comparaisons, ou ne s'affadira pas à côté d'une nouvelle exception amoureuse.
C'est l'histoire qui ne doit pas s'arrêter, parce-que quelquechose de nous-même n'y survit jamais.


Aujourd'hui je tremble d'être allé là où la création n'a pas de passé, où ce qui surgit se reconnaît du passé immémorial des légendes et divinement n'en porte ni stigmate ni trace. Une passion qui ne s'est détruite que parce-que la vie se dépassionne pour elle-même.
Imgene restera unique, je ne me laisserai pas en faire un précédent.
Ce dernier lien que je sais voué à disparaître quand le temps le choisira - ce temps oublieux de partager certains de ses mécanismes d'agenda - est une terminaison des plus nerveuses terrifiée de se découvrir. Car sans en arriver là comment aurais-je découvert que le départ d'Imgene me ferait tourner sans répit autour d'une même pensée: ce ne peut pas être réel, cela n'est pas?
Je vois se terminer l'obsession douloureuse et commencer l'autre vertige du chagrin : l'immobilité pensive dans le néant de l'autre.
Tout ici n'est question que de contre-volonté. Imgene m'a quitté. Je n'ai rien décidé, ni même accordé. Rien ne provient de mon désir. Il me faut donc tout voir se défaire en spectateur amer et seul, surpris dans l'arène des drames communs.


Ce matin sont arrivés les instants. Ceux que je redoutais.
Ceux où l'on cesse de se débattre et où l'on se voit partir à notre tour. Ces instants comme des fractures dans la volonté encore battant la mesure pour continuer. Je sens que je suis maintenant incapable de faire rejouer en moi les vibrations extraordinaires que l'on avait quand l'autre... avec l'autre... le goût de cette vie inégalée. Et je sais bien le caractère définitif de cette sensation.
Le temps à venir et l'espace n'existent plus parce-qu'ils sont déjà derrière soi et qu'il y a dans cela beaucoup de nous-même. Nous sommes à l'arrière de nous-mêmes, contemplant sans morgue ni vie notre dos.
L'amour et l'union ne supportent pas de perdre sa pile, ou la face. Transformés en souvenir, en ombre vague de leur gloire, ils s'amoindrissent et se tordent jusqu'à ce que n'en sortent que des anecdotes factuelles - poison de nostalgie -, des récits, des souvenirs épars. Piètre fin qui remet en cause l'excellence ou son ombre de doute.

On ne trouvera des liens et de l'amour que des images dispersées. Des images auxquelles il faudra sans cesse redonner un sens et un foyer. Des faits orphelins de l'histoire sans continuité entre eux, perdant leur cohérence d'action et leur suite logique. Voilà ce qui errera à jamais sur la place du pluriel singulier où l'on se tenait unis...
Quel féroce constat, triste et effroyable. On finit toujours pas partir, même si l'on était celui qui reste. Celui qui reste, d'abord réellement puis en apparence, vient aussi à quitter l'histoire et les liens, le sentiment et la reconnaissance.

A chaque lien qui se décroche la violence efface derrière moi sa trace, et aimante mes pas de plus en plus loin dans la dissolution de ce qui était. Ici pas de mur du son tonnant ni de bang supersonique. C'est le monde de l'abdiquation, de la modification de l'existence en disparition, qui claque parce-que voilà, on y est entré. Ces liens éructent dans le vide laissé par ce passage à l'acte là. Le plus insupportable à vivre et à franchir : la transformation du vivant, du continuel, en souvenir. Cet en-cours que nous ne voulons lâcher...




J'étais dans ce brasier sans fin qui consumait mes jours et mes nuits, assujetissait ma pensée et tordait la volonté de me relever quand je me vis voguer impuissant et atrocement calme vers le moindre et l'abandon des liens. Je préférais les brûlures et les engelures que provoquait la pensée de l'absence irréversible d'Imgene, l'écartèlement de ma raison et de mon existence sentenciés par le manque. Je préférais la torture de son départ, et ma lutte désaxée pour ne rien abandonner, à ce qui m'attendait ce matin.
Ce temps où l'on ne sent plus vraiment comment était cette douleur qui vous tient des heures au réveil plié dans un lit que vous souhaiteriez barque exilée à la dérive loin de la réalité. Ces funérailles auxquelles chaque réveil vous ramène en vous broyant le souffle pour vous empêcher de sortir. Mais des funérailles où vous êtes le seul à entendre le défunt se débattre dans son cercueil en vous suppliant de croire qu'il est bien vivant.
Aujourd'hui les mains toujours liées par l'impossibilité de réaliser que je serai, en surface comme en profondeur, sans Imgene m' immobilisent sans heurt ni va-et-vient sournois. Et rien en moi ne bouge pour un sauvetage. C'est un fracas, un cataclysme dans l'esprit et le corps qui ne gardent que le phénomène de l'écho comme évènement.
Je suis témoin et acteur de cette douleur et pourtant aujourd'hui je n'en reçois qu'un écho.
Et c'est bien cela le pire.
Quand la douleur et son hurlement vous détache à ce point du champs de votre propre bataille...